Paul Mak

Le peintre Paul Mak

1891-1967
Caricaturiste, portraitiste et miniaturiste

Paul Mak

En août 1967, dans un hommage posthume dédié à Paul Mak et paru en russe dans le journal parisien La Pensée Russe, Piotr Annenkov s’exprima avec un lyrisme émouvant:

“Paul Mak est décédé à Bruxelles le 22 juin dernier […] l’émigration russe perd non seulement un artiste éminent et unique en son genre, mais aussi un patriote ardent et un héros, puisqu’il était invalide de la guerre 1914-1917. Son nom, en tant qu’artiste et en tant qu’homme, va certainement prendre place dans « Le livre d’or de l’émigration russe » et ne sera pas oublié par la Russie libre de demain […]”

En août 1968, Wladimir, le fils aîné de Mak, organisa une exposition rétrospective à Londres. Dans la notice éditée par la galerie on pouvait lire:

« La dernière exposition des oeuvres de Mak à Londres remonte à plus de trente ans. Après avoir joui d’une renommée internationale à la fin des années 20 et au début des années 30, à la fois comme miniaturiste de style persan et comme portraitiste de cour et de la haute société, Mak est injustement tombé dans l’oubli. Le nouveau regard porté sur l’oeuvre d’Aubrey Beardsley et de ses disciples explique peut-être le regain d’intérêt pour Mak. Il ne fait aucun doute qu’il existe un nouvel attrait pour ce genre particulier en peinture. Pavel Petrovitch Mak était un émigré russe. Sa vie fut plus passionnante que celle de beaucoup de ses compatriotes qui se consolèrent en ressassant dans des livres le drame de leur exil…”

Paul Mak - Miniature 1938

Miniature 1938

Et depuis, que s’est-il passé? Rien. Mak est réellement tombé dans l’oubli, ou presque! Et ce malgré que, depuis 1975, des oeuvres et non des moindres sont apparues chez Christie’s et Sotheby’s à Londres et à New York, et, depuis 1984, dans des salles de vente à Bruxelles et à Anvers. Plus récemment, des enchères ont eu lieu à Paris, Marseille, Amsterdam, Maastricht et ailleurs. Il est arrivé que des amateurs mettent le prix fort pour acquérir certaines miniatures. Cela est d’autant plus remarquable
que la notoriété de l’artiste est encore confidentielle. Dans les catalogues des salles de vente et dans les annuaires de cotes édités en France, en Angleterre et en Belgique, il existe peu de renseignements
et ceux qui s’y trouvent sont si peu concordants qu’ils semblent ne pas concerner le même artiste: ainsi, le nom varie entre Mack, Mak ou Ivanov-Mak, et le prénom, entre Paul, Pavel Petrovitch, Paul Pavel, Pierre Petrovitch et même Serge…; en l’absence de tout document stipulant
les dates de naissance et de décès, il est parfois indiqué “XXe siècle”. Conséquence prévisible: l’apparition sporadique de faux. Aucune publication concernant la peinture contemporaine ne mentionne l’artiste Mak, et je n’envisage que les publications dans lesquelles, par le thème abordé ou la technique utilisée, à savoir la miniature persane, l’art orientaliste, le portrait ou la caricature, il aurait mérité d’être en bonne place. Dans les dictionnaires d’art, les données biographiques, quand elles existent, sont erronées ou approximatives et, de toute façon, minimales. Seul le dictionnaire russe, Khoudozhniki Rousskovo Zaroubiezhia 1917-1939, édité par Notabene en 1999, contient des renseignements biographiques relativement exacts: ceux-ci ont été rédigés à partir de l’article “In
Memoriam” de P. P. Annenkov, cité plus haut.
Mak n’a laissé aucun témoignage écrit se rapportant à son art. Jamais il ne fit partie d’un cercle artistique ni ne fut membre d’une quelconque coterie. Depuis quinze ans je poursuis une recherche approfondie sur la vie et l’oeuvre de mon père. Actuellement, je m’attelle à la rédaction d’une biographie de cet homme dont le parcours pourrait à lui seul constituer un excellent scénario pour un film d’aventures.

Russia Abroad 1917-1939 Book 2En septembre 2002, le département d’histoire de l’art de l’Université de Saint-Pétersbourg m’a donné l’opportunité de faire un exposé biographique sur Paul Mak. Le texte a été publié en 2003, en langue russe, par les éditions Liki Rossi de Saint-Pétersbourg dans Russia Abroad 1917-1939.

Paul Mak - Miniature 1955

Miniature 1955

Pavel Petrovitch Ivanov naquit en 1891 dans la région de Moscou. Il était issu du second mariage d’un colonel à la retraite, âgé de cinquante cinq ans; sa mère était nettement plus jeune que son père.
Mak a toujours affirmé avoir été le fruit d’une rencontre entre sa mère et un prince A. B. Celui-ci aurait même été son parrain… Parmi les neveux et nièces du prince (la plupart sont actuellement décédés), certains ne furent pas loin de penser que c’était une histoire sortie tout droit de l’imagination de son auteur, d’autres restèrent dubitatifs, d’autres encore estimèrent la chose tout à fait vraisemblable.
Dès la fin du lycée, peut-être même avant, Pavel Petrovitch entra en contact avec le milieu artistique de Moscou.

Passionné de théâtre, il se mit à faire des caricatures d’acteurs célèbres de la scène russe du moment. Ses caricatures étaient d’une telle qualité qu’elles lui ouvrirent les portes de plusieurs magazines spécialisés dans le domaine des arts et des spectacles: elles y furent publiées en grand nombre de 1911 à 1914. Voici quelques noms d’artistes caricaturés: les musiciens Alexandre Scriabine et Serge Rachmaninov, les écrivains Valéri Brioussov et Ivan Bounine, les danseuses Anna Pavlova et Ida Rubinstein, le danseur Vaslav Nijinski, le dramaturge Constantin Stanislavski, le chanteur d’opéraFedor Chaliapine, le collectionneur Sava Mamontov, les peintres Boris Koustodiev, Mikhaïl Larionov, et Natalia Gontcharova, …

A partir de 1911, Pavel Petrovitch utilisa tantôt le pseudonyme Mak, tantôt son prénom dans son orthographe française, soit “Paul”! En 1915, il adopta définitivement le pseudonyme Mak.
De ma vie je n’ai entendu mon père être appelé Pavel. Dans son entourage, tous ceux qui parlaient de lui ou s’adressaient à lui, utilisaient indifféremment la dénomination Paul ou Mak. Et c’est avec raison que Piotr Annenkov intitula son article in memoriam « Khoudojnik-Miniatourist Pol Mak. » (le peintre miniaturiste Paul Mak)

Entre 1911 et 1916, Mak occupa à Moscou la fonction de décorateur dans le théâtre Mariia Artsybusheva, un “théâtre miniature”, également appelé, du fait de sa situation, Théâtre Mamonovskii (actuellement à un jet de pierre de la place Pouchkine).

Entre 1912 et 1913, il fréquenta pendant une dizaine de mois l’atelier du peintre moscovite Konstantin F. Youon. Au cours du printemps 1913, il exposa des portraits dans la galerie Lemercier.

Le début de la carrière artistique de Mak coïncida avec l’avènement de l’Avant-Garde russe (1910).
Si Mak a bien connu et fréquenté Mikhaïl Larionov et Nathalia Gontcharova, dont les noms sont indissolublement liés au néo-primitivisme, au rayonnisme et au futurisme russe, il n’a jamais fait que côtoyer les avant-gardistes. Etant donné son tempérament, sa distinction et sa sensibilité, il fut naturellement attiré par les idéaux des artistes qui s’étaient groupés à la fin du XIXe siècle autour de la rédaction de la revue artistique saint-pétersbourgeoise Le Monde de l’Art. Firent partie de ce mouvement qui défendait “l’art pour l’art”: Mikhaïl Vroubel, Alexandre Benois, Eugène Lanceray, Leon Bakst, Ivan Bilibine, Mstislav Doboujinski, Konstantin Somov, … Comme l’a écrit, à leur propos, Valéri Fateïev dans Le fantastique et l’imaginaire dans la peinture russe (Editions Aurora 1989):

“[…] accordant une grande importance à la maîtrise professionnelle, à la qualité de la conception et de l’exécution, ils s’adressaient à l’héritage du passé. Dans leurs travaux, ils s’efforcèrent d’exprimer l’atmosphère qui les entourait, leurs propres sentiments et pressentiments […] Le Monde de l’Art qui opposait la liberté de la création artistique au positivisme petit-bourgeois […] était très proche du symbolisme. […] La stylisation fut un procédé appliqué communément par tous ses membres […]”

Ce goût pour la stylisation résulta, en partie, de la diffusion des oeuvres graphiques d’artistes occidentaux tels que le préraphaélite Burne-Jones et le “décadent” Aubrey Beardsley.

A partir de 1913 Mak se passionna pour le tango! Il est amusant de constater que la première publication de haut niveau lui accordant une place non négligeable vient des Etats-Unis et concerne sa carrière de danseur de tango: il s’agit du Vol-2 EXPERIMENT 1996, ouvrage remarquable édité sous l’autorité du professeur John Bowlt pour « The Institute of Modern Russian Culture » de l’Université de Los Angeles.
Terriblement instructifs, les chapitres concernant le tango et Mak!… Ils m’ont permis de mieux appréhender l’origine de cette « gestuelle » si particulière à mon père, gestuelle où se mêlaient fougue, prestance et maniérisme, et qui ne fut pas pour rien dans la fascination que ce grand séducteur exerça, toute sa vie durant, sur bien des femmes et des hommes! Il y avait dans son maintien et ses mouvements une véritable élégance féline, une élégance dont je ne l’ai jamais vu se départir et que l’on retrouve dans ses oeuvres chez tous les personnages masculins, depuis les « Tamerlan », « Persée », « Tristan », « Don Quichotte » et autres héros légendaires jusqu’aux vieux faunes auxquels, avec l’âge, il se plut à donner des rôles de tendre grand-père.

Paul Mak - Miniature 1956

Miniature 1956

En février 1916, en pleine guerre et alors que la situation sur le front russe n’est guère des plus favorables, Mak s’engagea comme volontaire dans l’Ecole militaire d’infanterie Grand Duc Constantin Constantinovitch à Kiev; après 4 mois de cours accélérés, il fut envoyé au front. Incorporé dans le 89ème régiment d’infanterie Bielomorsky, il participa à la dernière grande offensive contre les Allemands, sous le haut commandement du général Alexis Alexéiévitch Broussilov. Il fut grièvement blessé: une balle lui brisa le fémur droit. Il évita l’amputation mais garda une jambe plus courte de quelques centimètres. Il termina la guerre avec le grade de capitaine. Au total, sa bravoure lui valut six blessures et plusieurs distinctions militaires dont la prestigieuse Croix de St Georges (quatrième rang).

En octobre 1917 survint le coup d’état bolchevique orchestré par Lénine. Mak, qui, tout en marchant avec des béquilles, arborait de façon ostentatoire son uniforme et ses décorations, fut arrêté et enfermé dans la prison de la Boutirka: condamné à mort, il y séjourna pendant plusieurs mois. Pour tuer le temps, il dessinait.
Il fut amené ainsi à exécuter le portrait de ses geôliers. Ceux-ci, émerveillés par son talent, le libérèrent.

En 1921, ne supportant ni le régime bolchevique ni les conditions de vie qui régnaient à Moscou, Mak décida de quitter son pays. Accompagné de son épouse Hélène Kourbskaya, il fuit par le sud.

Paul Mak - Caricature de Serge Rachmaninov

Caricature de Serge Rachmaninov ©

Après une longue et périlleuse randonnée à cheval à travers l’Ukraine puis le Turkménistan, il arriva dans le nord-est de la Perse. Non sans quelques difficultés supplémentaires, il gagna Téhéran. Il accepta de s’occuper des chevaux de course d’un riche dentiste, fréquenta l’hippodrome et fit d’amusantes caricatures des personnalités qui le fréquentaient.
Parallèlement, il se passionna pour la technique médiévale de la miniature persane et en apprit les secrets auprès d’un vieux maître. Très vite, il acquit une notoriété dans cet art tombé en déshérence. De plus, ses qualités de portraitiste lui valurent de nombreuses commandes dans la haute société indigène et étrangère.
En juillet 1925 naquit ma demi-soeur Elisabeth. Lors de son baptême dans l’église orthodoxe russe Saint-Nicolas de Téhéran, elle eut pour parrain l’attaché militaire allemand, le comte Friedrich-Werner von der Schulenburg, celui-là même qui deviendra ambassadeur du Reich à Moscou au moment du pacte germano-soviétique.
En 1926, Mak est recommandé auprès du nouveau Shah de Perse, Rezah Shah Pahlevi, par Sir Percy Loraine, ministre plénipotentiaire anglais. Il fit du monarque un portrait monumental de 14 m2 (ce portrait, qui se trouvait dans le palais du Golestan à Téhéran, a disparu depuis la chute des Palhevi).
En 1927 lui fut accordé le titre de peintre officiel de la Cour.
Au mois de septembre de la même année, vu son statut d’apatride, il fut honoré de la nationalité iranienne sous le nom Mak. Suite à une erreur de transcription en langue persane, son nom fut orthographié Mack dans la patente lui accordant sa nouvelle nationalité. Etant la seule pièce d’identité établie en bonne et due forme depuis son exil de Russie, cette patente devint pour le restant de sa vie un document de référence. Il ne fut donc pas étonnant qu’en France et en Belgique son nom ait été orthographié Mack sur tous les documents administratifs.
Dans sa correspondance privée et dans l’exercice de son art, mon père a toujours signé Paul Mak. Sauf exception, les catalogues d’exposition et les articles de presse se référèrent toujours à l’orthographe de la signature présente dans ses oeuvres.

Entre la fin des années 20 et le début des années 30, Mak fit des expositions en Iran, en Egypte, en Grèce, en France et en Angleterre, ou plus exactement, à Téhéran (1926), au Caire (1928 et 1930), à Athènes (1931), à Paris (1928-1929, 1932) et à Londres (1928 et 1933).
Grand amateur de courses de chevaux, il fréquenta assidûment les hippodromes dans toutes les villes où il exposa: partout il perdit, sans état d’âme, de grosses sommes d’argent.

Paul Mak 1916

Paul Mak 1916 ©

De 1932 à 1938, son port d’attache fut Paris.

En mars 1938, sous le gouvernement du Front Populaire, Mak fut victime d’une machination: un important homme d’affaires, Mr C. G., ayant décidé de mettre un terme aux élans amoureux de sa fille pour cet artiste à la réputation sulfureuse, obtint de la Préfecture de Paris son expulsion hors de France; Mak se réfugia en Belgique au sud de Namur. Dès le mois de mai, il gagna Bruxelles où s’était implantée une importante « colonie » d’émigrés russes. Il se remit rapidement au travail dans l’espoir de mettre sur pied une exposition de qualité. Il réalisa de nombreuses miniatures. L’exposition ne se fit pas. Pour subvenir à ses besoins, il tenta d’obtenir des commandes de portraits. En mars 1939, il fut réduit à travailler comme ouvrier: il peignit des meubles pour des magasins, des lettrages sur des vitrines, il exerça même le métier de plafonneur! En février 1940, pour régulariser sa situation d’immigré sans revenu, il devint mineur de fond dans une mine de charbon à Châtelineau. Cette activité fut interrompue en mai 1940 suite à l’invasion allemande.
Peu de temps après, il fut “engagé” par les allemands comme ouvrier à l’aérodrome d’Evere. En 1942, il rencontra à Bruxelles une jeune comédienne d’origine russe, Lydia Dourdina. Elle avait joué à la UFA à Berlin avant la guerre. Elle envoya une lettre au comte von der Schulenburg (il était, je le rappelle, le parrain de ma demi-soeur Elisabeth). Mak fut libéré. En novembre 1944, von der Schulenburg, impliqué dans l’attentat du 20 juillet contre Hitler, sera pendu dans la prison Ploetsenzee.
Ainsi, après trois années d’interruption quasi complète, Mak se remit à peindre et Lydia Dourdina mit toute son énergie à le faire connaître. En 1943, dans une lettre à une dame dont elle sollicitait l’aide, elle écrivit:

« Nous devons (nous, je parle comme la mouche du coche) le relancer, n’est-il pas vrai? Je dis relancer, car lancé il le fut déjà et si bien parti. Il faut maintenant tout recommencer… ».

Il ne fait aucun doute que c’est Lydia Dourdina qui est au départ de la longue carrière de Mak en Belgique.
En janvier 1946, je suis né. Je ne marchais pas encore quand Mak nous quitta ma mère et moi. Au cours de l’année 1945, il était tombé follement amoureux d’Emilie Mastovoï, divorcée et mère de deux enfants.

A partir de 1945, Mak exposa régulièrement à Bruxelles, à Charleroi, à Gand et à Anvers, … Les dernières vingt années de sa vie, il vécut et travailla à Ixelles, au 558, chaussée de Waterloo, dans un deux-pièces cuisine, situé au premier étage et comprenant une pièce en façade qui lui servait à la fois de salon, de salle à manger et … d’atelier! La toilette se trouvait à l’entresol! Mak peignit toujours, comme il aimait le dire, “à la façon des anciens miniaturistes persans”, c’est-à-dire sur une planche de bois posée sur ses genoux!

En 1958, lors de l’Exposition Universelle de Bruxelles, le jury international l’honora d’une médaille d’or pour les tableaux exposés dans le pavillon de l’Iran.

Mon père décéda à Bruxelles en 1967. Après un service religieux dans l’église russe de la rue Paul Spaak, ce fut presque dans l’anonymat qu’il fut enterré dans le cimetière d’Ixelles: quatorze personnes suivirent son cercueil recouvert du drapeau blanc, bleu et rouge. Emilie Mastovoï partit rejoindre à Montréal ses deux enfants qui s’y trouvaient depuis vingt ans. Elle emporta dans des conditions discutables un grand nombre de tableaux. Elle ne survécut pas longtemps à mon père.

Il est étrange que Paul Mak, dont la personnalité et les multiples talents n’ont jamais laissé indifférents ceux qui l’ont côtoyé et dont de nombreuses oeuvres ont suscité et suscitent encore étonnement et admiration, soit à ce point passé sous silence dans les livres d’art.
Il est vrai que cet homme fut dans sa vie privée un grand séducteur et dans son métier, un grand solitaire. Dès 1934, il quitta même le circuit du marché de l’art, dont il considérait les promoteurs comme des « marchands du temple », et fit toutes ses expositions à compte d’auteur.
Comme il avait l’âme d’un joueur, il mena une vie aventureuse, se soucia peu du lendemain et ne prit jamais le temps de rentabiliser son talent.

Quantité d’informations sont encore à exhumer dans les pays où il a séjourné: la Russie, l’Iran, l’Egypte, la Grèce, la France, l’Angleterre et la Belgique. En ce qui concerne les quatre premiers pays cités, ce n’est guère facile étant donné les grands bouleversements politiques qui s’y sont produits.

Le style Mak est toujours reconnaissable, quels que soient les thèmes abordés et les époques, qu’il s’agisse de dessins, d’aquarelles, de gouaches ou de peintures à l’huile, ou encore de miniatures ou de portraits grandeur nature. Il n’y a qu’à voir la légèreté et l’agilité du coup de pinceau, la rigueur de la composition, l’harmonie des couleurs, la vie intense qui anime les personnages et l’élégance « aristocratique » des attitudes, et ce tant chez les animaux que chez les êtres humains… Mak intégra à l’art de la miniature persane la tradition de l’icône russe faite de couleurs et de sacré, les aspirations préraphaélites et l’esthétique symboliste.
Ses oeuvres, quel qu’en soit le style ou le thème, frappent presque toujours par la qualité de leur architecture.

Il y aurait beaucoup à dire au sujet de sa signature. Elle a évolué au cours du temps; elle est différente selon qu’il s’agit d’un dessin, d’une miniature ou d’une peinture à l’huile. Par exemple, la signature en lettres majuscules, déjà utilisée en Russie et dont le graphisme ramène à Beardsley, est typique des oeuvres exécutées à Téhéran entre 1923 et 1925. A partir de 1926, pour les gouaches en style miniature, Mak adoptera et conservera jusqu’à la fin de sa vie la signature en arabesque.

Paul Mak 1915

Paul Mak 1915 ©

En fin de compte, cet homme fascinant que fut Mak, eut trois pôles d’attraction dans la vie: son art, les femmes et les courses de chevaux. Son tempérament de joueur et son amour des chevaux le menèrent plus d’une fois à la ruine. Les femmes qu’il a connues ont souvent gardé de lui un souvenir impérissable. De son vivant, son talent d’artiste peintre ne lui a apporté qu’une gloire éphémère.

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Dimitri P. Dourdine Mak
E-mail: dourdine.mak@gmail.com
Site: dourdine-mak.be

 

 

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