Alimentation, éveil, sommeil

Préliminaires

Dès sa naissance et durant ses trois premiers mois, l’enfant a trois besoins fondamentaux: manger, dormir et, disons pour simplifier, «être pris dans les bras». Il est normalement apte à exprimer de manière très précise chacun de ces besoins.

Ces trois besoins essentiels vont évoluer spontanément au cours du temps: leur distribution sur une journée de 24 heures est sous la dépendance d’une horloge interne, dont la programmation réglée dès avant la naissance est propre à chaque enfant et se modifiera par paliers au fil des jours et des semaines. Chez le nouveau-né, cette horloge n’a que faire de l’alternance jour/nuit qui rythme la vie de ses parents. Il est, donc, illusoire de croire qu’il soit possible d’agir sur la programmation de cette horloge biologique.

Dormir est le seul besoin que bébé peut satisfaire sans l’aide de personne. Quand il a besoin de dormir, bébé dort là où il se trouve: dans vos bras, sur le canapé, dans votre lit, dans son landau et, pourquoi pas, dans son berceau…

Il n’est guère aisé de réveiller un bébé qui dort… et il n’y a que peu de bonnes raisons de le faire.

S’il ne dort pas, c’est donc qu’il est dans une période d’éveil. Toute tentative de le faire dormir est vouée à l’échec et si vous insistez, il réagira par des cris de colère…

Il n’y a que deux besoins pour la satisfaction desquels votre intervention est indispensable : manger et « être pris dans les bras ». En effet, contrairement à tous les autres mammifères, le petit de l’homme est incapable d’aller par lui-même vers sa mère, qui est la source de sa nourriture.

Au cours des premiers mois, le sommeil de l’enfant a des caractéristiques très particulières, le comportement alimentaire, également. Sommeil et alimentation sont interdépendants mais pas que…

Au début d’une consultation pour un enfant de moins de un an, à la question volontairement neutre que je pose en guise de bonjour :  » Comment ça va ? « , les réponses les plus fréquentes sont : « Ca va bien, il mange bien et il dort bien,  » ou  » Ca ne va pas, il ne mange rien « , ou encore  » Ca ne va pas, il ne veut pas dormir « . Chez l’enfant en bas âge, presque tous les parents associent alimentation et qualité du sommeil. Quelle que soit la réalité de cette association, la solution est souvent recherchée dans l’alimentation : plus d’un espère soigner l’insomnie par voie orale!

Qu’il soit possible d’apprendre à un enfant de moins de trois mois à faire des siestes et à passer ses nuits selon nos désirs est une croyance malheureusement bien enracinée dans les pays de culture latine. Elle est souvent couplée à la notion de bébé «fatigué au point de ne pas trouver le sommeil».

Ainsi, pour réussir à faire dormir leur enfant à une heure qu’ils jugent décente ou pour augmenter leur chance d’y arriver rapidement, nombre de parents recherchent des expédients. Ils se tournent quelques fois vers l’homéopathie et l’ostéopathie, … Ce faisant, ils se refusent le plaisir de voir disparaître spontanément, d’un jour à l’autre et comme par enchantement, ce qui, la veille, était encore une épreuve insoutenable.

– «N’y-a-il pas un petit truc, Docteur, pour le faire dormir plus tôt et plus longtemps?»

– « Et bien, non! »

A trois mois et demi, la majorité des enfants passent la nuit. Ils s’endorment entre 19 et 21 heures pour ne se réveiller qu’entre 06 et 09 heures.

Pour ce qui est des besoins en câlins et en nourriture, si votre enfant est parfaitement capable de les exprimer, il est, en revanche, totalement incapable de les satisfaire par lui–même. Eviter de les satisfaire aura pour effet de déclencher un comportement de frustrations à l’origine de graves conflits entre vous et lui.

«Avant l’heure, ce n’est pas l’heure. Après l’heure, ce n’est plus l’heure. »

Bébé a besoin de votre écoute, de votre disponibilité, et, donc, de vos bras et de vos jambes… N’écoutez pas ceux qui disent que de le prendre trop longtemps dans les bras risque de lui donner de mauvaises habitudes, et que de lui donner à manger à la demande risque de lui donner l’envie de manger tout le temps et de le rendre capricieux, …

En ce qui concerne son alimentation, chaque enfant manifeste d’emblée son individualité: cela va de l’appétit de moineau à l’appétit d’ogre. Un bébé ne mange jamais trop.

En revanche, il peut arriver que, nourri au sein mais ne recevant pas les quantités dont il a besoin, il finisse par faire mine de se contenter du peu qu’il reçoit. On en reparlera.

Donner à manger ne se limite pas uniquement à rassasier votre enfant : c’est un moment privilégié de communication entre vous et lui. Profitez-en…! Il vous regarde dans les yeux. Faites de même sans vous demander ce qu’il voit. Ne mettez pas trop de parfum, il vous sent. Evitez un fond sonore trop bruyant, il vous écoute. Ne vous laissez pas distraire par la conversation d’un visiteur, fût-il un proche.

 

 

Le besoin en câlins n’est pas le moindre des besoins de votre enfant. Répondez-y sans crainte. Il n’y a aucun danger à lui ouvrir votre cœur. Parlez-lui: il a besoin de vous entendre mettre des mots sur les choses de la vie et sur vos sentiments du moment.

 

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Les plaisirs de la table

Dès la naissance, l’enfant est curieux de tout ce qui l’entoure: il manifeste un intérêt ciblé pour sa famille proche : sa mère, son père, ses éventuels frère(s) et sœur(s). Tôt ou tard il reproduira, avec une promptitude surprenante, les gestes qu’il aura vu faire pendant des semaines, et ce grâce à cette faculté, inouïe qu’il a, d’apprendre, de mémoriser et de réussir du premier coup une manœuvre complexe en ne se servant que de ses yeux. Faculté qui est hors de portée pour nous les adultes. Dans quelques mois, il vous arrivera peut-être de dire : « Il a compris comment lever le système de sécurité de la porte de sa chambre sans que je ne le lui eusse montré. Ou encore : « il a appris tout seul à faire fonctionner la commande manuelle de la télévision,…».

On n’apprend pas à marcher à un enfant. Il apprend à marcher sans l’aide de personne : il suffit que son système locomoteur soit arrivé à maturité et qu’il vous ait vu marcher. Il en va de même pour l’alimentation : l’enfant se nourrira d’aliments solides, à la cuillère et à la fourchette, d’autant plus rapidement et facilement qu’il vous aura vu manger devant lui…

L’homme est un animal sociable. Il fait partie des mammifères qui vivent en famille. Le petit de l’homme n’aime pas manger dans son coin… Pendant des millénaires et dans toutes les régions du monde, il est passé du sein de sa maman à la potée familiale…

Votre enfant a un odorat très sensible. Les bruits et les odeurs qui accompagnent la préparation des repas rythment sa journée et l’aident à structurer le temps qui passe… Evitez les préparations commerciales à réchauffer au four à micro-ondes. Efforcez-vous de cuisiner en sa présence ! Vous constaterez d’ailleurs que, dès les premières semaines, il a tendance à se manifester au moment où vous passez à table et que si vous ne l’installez pas près de vous il se met à pleurer. Non seulement il s’habitue ainsi à humer les saveurs des aliments qu’il va goûter dans les prochaines semaines mais il commence l’apprentissage des couverts… Un conseil : mettez-le dans le relax et posez le relax sur la table. Ou mieux encore : mettez-le dans un relax avec dispositif permettant de l’installer en toute de sécurité à votre hauteur pendant vos repas, par exemple le Béaba Relax Up and Down®.

Dès la fin du deuxième mois vous remarquerez avec quelle insistance il vous observe pendant que vous mangez. « Il ne perd pas une miette du spectacle » qui s’offre à lui… Parfois il ouvre la bouche quand vous ouvrez la vôtre… Cet apprentissage est plus utile que de lui faire tirer la langue quand vous lui tirez la vôtre…

A la question : « que faire pour stimuler mon enfant? », il n’y a qu’une seule réponse : « lui permettre de participer à toutes vos activités de la journée ». Et la participation à vos repas est certainement l’activité qu’il préfèrera dans le dernier quart de sa première année…