« De l’art d’être parent »

Ma définition : être parent, c’est donner du temps à son enfant, lui donner le temps dont il a besoin et le donner au moment où, lui, il en a besoin…

Dès la première semaine de vie commence pour vous une véritable « épreuve initiatique ». Elle prendra fin quand votre enfant aura trois mois.

Après avoir été confronté à deux ou trois nuits d’hyper-éveil au cours de la première semaine de vie (en général pendant le séjour à la maternité), il y a peu de chance que vous échappiez à la période d’hyper-éveil qui se situe généralement entre sa deuxième semaine de vie et le début du quatrième mois. Cette période, qualifiée erronément de « période des pleurs», s’étend sur deux à quatre heures, entre 17h et 03h du matin (le plus souvent entre 18h et 22h). Il lui correspond souvent une période d’éveil calme en fin de matinée. Contrairement à ce qui se passe durant la journée, pas moyen de coucher bébé : à chaque tentative, il crie et se tord ; dans vos bras, il bouge sans arrêt et ne tolère pas que vous restiez assise. C’est comme s’il ne savait pas ce qu’il voulait. Qu’il soit nourri au sein ou au biberon, il tète de façon saccadée et mange de façon fractionnée… Confrontés à des essais d’alimentation répétés et fort décevants en vue de le calmer, la mère qui donne son lait dira « Il est pendu à mon sein », celle qui donne le biberon, parlera de biberon qui s’éternise.

Vous voilà fort désorientés : vous l’êtes tant par le comportement d’insatisfaction de bébé que vous interprétez finalement comme l’expression d’un mal au ventre, que par les conseils répressifs de votre entourage bien intentionné.

Que n’a-t-on pas dit au sujet de cette période, et ce depuis des générations? Autour de vous, vous entendrez parler de «coliques», de troubles digestifs, de «caprices», de «difficultés à trouver le sommeil», du «besoin de faire ses poumons», du «désir de toute puissance» du nouveau-né, de «douleurs de tension», de «l’heure du père», d’un hypothétique déplacement de vertèbres cervicales à l’accouchement … Le sottisier est inépuisable dans ce domaine et les solutions préconisées restent des plus variées.

Selon les circonstances et les penchants ou la culture de votre interlocuteur, il vous sera proposé d’arrêter d’allaiter au sein, de changer de marque de lait ou de pédiatre, de donner du fenouil en tisane ou en gouttes médicinales, d’avoir recours un médicament anti-reflux ou de vous tourner vers l’homéopathie ou l’ostéopathie,… Les plus radicaux – ceux qui croient encore aux vertus de la manière forte – vous pousseront à tenter la solution du «laisser-pleurer»! Combien d’enfants n’ont droit pour toute réponse à leur attente qu’à une modification de régime, une potion magique ou un médicament? Sans compter ceux qui se heurtent au silence d’une chambre close!

En fait, cette période de la journée est un véritable «rendez-vous quotidien» à ne pas manquer. Pendant cette période, le comportement de bébé change du tout au tout par rapport à celui de la journée: en plus du besoin de s’alimenter, il a un besoin irrépressible de contact, de stimulation et de tendresse.

En réalité, le petit de l’homme naît « sans bras et sans jambes », et s’il est apte à exprimer ses besoins, il est totalement incapable de les satisfaire par lui-même. Sauf en ce qui concerne le sommeil, bien entendu!

Ne craignez pas de le prendre dans les bras, de le promener, de lui donner à manger même toutes les heures et encore plus… mais n’oubliez pas de lier la parole au geste, de jour comme de nuit.

« Les bras et le mouvement, la voix et le regard les yeux dans les yeux  » sont presque toujours les meilleurs sédatifs des pleurs soi-disant inexpliqués du soir. Un sac ventral s’avère, plus d’une fois, une aide très appréciable. Ne lui clouez pas le bec avec une sucette.

La position couchée sur le ventre contre vous, la position « en hamac » sur vos avant-bras, son visage face à vous, ou toute autre position, sera bienvenue : celle du « Léopard sur sa branche » est de loin la plus efficace. Mettez votre enfant en couché ventral sur votre avant-bras fléchi, dans le sens que vous préférez, de telle manière que sa tête repose soit dans la paume de votre main, soit sur le bord externe de votre coude. Si dans cette position, il reste inconsolable, n’attendez plus une seconde : « il meurt de faim ».

Vers trois mois et demi au plus tard, cette période disparaîtra du jour au lendemain, comme par enchantement. Vous constaterez en même temps l’intérêt croissant du nourrisson pour son environnement et sa capacité de commencer à l’appréhender. Sitôt réveillé, il ne crie plus pour manger.

Un congé de maternité d’au moins quatre mois doit être envisagé : ce délai vous permet de répondre sans crainte aux besoins de bébé, de vérifier que les choses se mettent en place spontanément, de récupérer des nuits et, enfin, de jouir pendant près d’un mois de journées plus reposantes.

Le développement de l’enfant se fait par paliers : rien ne sert d’essayer de le faire progresser plus vite. Combien de parents, poussés par l’entourage y compris par des spécialistes de l’enfance, dépensent une énergie considérable à enfoncer des portes qui, le moment venu, vont s’ouvrir toutes seules, …

Pour respecter les besoins de bébé, il faut de la patience, beaucoup de patience, avoir confiance en vous, en lui et avoir foi dans l’avenir

«Oui mais en se comportant ainsi, est-ce que je ne risque pas de gâter mon enfant?»

Dans la vie adulte on ne souffre jamais de ce que l’on a reçu, mais bien de ce que l’on n’a pas reçu…

N’ayez pas peur de donner du temps à votre enfant. Il a le droit d’attendre tout de vous. Il faut le gaver d’amour.